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Une mosaïque de milieux

Les mares

Question de Jolane
Quelles sortes de plantes poussaient dans la tourbière ?

Les mares de la tourbière sont issues de l’exploitation de la tourbe par l’homme. Il s’agit en fait de fosses d’extraction. Les berges sont abruptes et elles peuvent atteindre 1,80 m de profondeur. Cette configuration limite la colonisation des berges par certaines plantes ou animaux qui ont besoin de pentes douces pour s’installer.

De nombreuses espèces sont néanmoins présentes !

Une plante carnivore se développe sous forme d’herbiers aquatiques. On la reconnait à ses petites fleurs jaunes au-dessus de l’eau appelées Utriculaire citrine (Utricularia australis).

Utriculaire citrine

Les Nénuphars blanc (Nymphaea alba) ou les Nénuphars jaune (Nuphar lutea) sont présents selon les plans d’eau. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Nénuphars sont attachés au sol ! non pas par une simple racine mais par un rhizome, qui lui sert de réserve de nourriture. Les libellules ou les amphibiens profitent de ses feuilles pour se reposer.

Au côté des feuilles de Nénuphars, on trouve des potamots. Le plus commun est le Potamot nageant (Potamogeton natans).

Potamos
Potamots

Sous l’eau on aperçoit des characées. Elles favorisent la transparence de l’eau car elles sont capables de piéger des particules en suspension. Elles sont aussi d’excellentes cachettes pour les petites bêtes de la mare (dytiques, larves de phryganes ou de libellules, etc.) et représentent une source de nourriture pour les canards.

Chara délicate (Chara virgata)
Chara délicate (Chara virgata)

Les mares et les canaux de la tourbière sont des lieux de reproduction pour les amphibiens et leurs permettent surtout de pondre. Les crapauds entourent leurs œufs sous forme de « colliers de perles noires » dans la végétation tandis que les grenouilles forment des boules gélatineuses autour d’une tige. Les tritons, quant à eux, déposent chaque œuf un à un sous les feuilles des plantes aquatiques ce qui les rend presque invisible. Le reste de l’année, les amphibiens vivent dans la forêt alentour, à l’abri sous des feuilles ou dans une souche d’arbre.

Les boisements

Les premiers arbres à se développer dans la tourbière sont les saules, notamment le Saule cendré (Salix cinerea). Sa présence permet à une libellule, le Leste vert (Chalcolestes viridis), de pondre. Cette espèce insère ses œufs à la fin de l’été directement sous l’écorce des rameaux qui surplombent l’eau. Au printemps, les larves n’ont qu’à se laisser tomber dans l’eau pour poursuivre leur développement.

Question d'Etienne
Y avait-il des animaux dans la tourbière ?

L’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) s’installe ensuite formant l’Aulnaie marécageuse. Ce sont ses jeunes poussent gluantes au printemps qui lui ont donné son nom.

Aulne glutineux

Sur les bords de la tourbière de Pré Maudit, à l’abri de l’Aulnaie marécageuse se développe une fougère protégée en région Rhône-Alpes : la Fougère des marais (Thelypteris palustris).

Le boisement accueille aussi une mousse particulière qui pousse au sol et forme de petites buttes : la Sphaigne palustre (Sphagnum palustre). Cette dernière supporte d’être sous l’eau lors d’inondations. Il s’agit d’une plante très ancienne qui fait le lien entre les algues et les fougères. Les buttes de sphaignes sont rares en plaine en Isère.

Le boisement profite aux oiseaux. Ils peuvent y construire leur nid, faire une halte pour se nourrir, se servir des arbres morts pour communiquer.

Les mammifères, les reptiles ou encore les insectes vivent également dans ce milieu préservé.

La roselière

Deux plantes forment principalement la roselière :

  • le Roseau commun (Phragmites autralis); sorte de graminées qui peut atteindre 5m de haut ! On le reconnait à son « plumeau » argenté au bout des tiges. On trouve cette espèce dans le monde entier dans les milieux humides.
  • le Marisque (Cladium mariscus); très grand également, il mesure en moyenne 1m. Ses feuilles sont très coupantes pourtant cette espèce est ou était utilisée dans de nombreuses régions du monde pour la couverture des toits ou la litière des animaux.

La roselière constitue un lien entre les points d’eau et la forêt. La matière sèche des « roseaux » qui s’accumule chaque année favorise à terme l’installation des arbres. Le développement de cet habitat et de la forêt indique que la tourbière se dégrade. Elle manque d’eau une partie de l’année ce qui permet à ces espèces de pousser.

Mais la roselière est bénéfique pour les oiseaux notamment ! Un d’entre eux apprécie de se cacher dans ce milieu dense : le Râle d’eau (Rallus aquaticus). Présent toute l’année, il peut se reproduire sur le site.

Il partage la roselière avec la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) qui fréquente ce milieu en période de reproduction. Les roseaux lui permettent d’installer son nid en hauteur et de trouver sa nourriture (araignées, éphémères, phryganes, etc.).

Rousserolle effarvatte
Rousserolle effarvatte